13.2.10

Let's groove tonight !

Ce week-end, le cirque NBA pose ses valises à Dallas. Du glamour, du dunk, des étoiles, la recette est connue et fonctionne bien. A l’Est, on aura droit au souriant trio made in David Stern et composé par Lebron James, Dwayne Wade et Dwight Howard. A l’ouest, le cinq est tout aussi clinquant avec Steve Nash et Kobe Bryant en tête de gondole. Après la présentation des starters, viendra le tour des remplaçants. C’est là que vous allez voir un intérieur tout rond, sans cou, sans jump et dont la bouille de môme radieuse exprimera la satisfaction d’avoir atteint le statut promis par son talent. Non, il ne s’agit pas d’un rookie phénoménal, ni même d’une hallucination des coachs car Zach Randolph est désormais rompu aux joutes de la Grande Ligue depuis 2001. Méconnu du grand public, son personnage vaut le coup d’œil.

Le natif de Marion, Indiana propose souvent deux facettes : les grandes perspectives d’envol et les atterrissages lamentables sur le parquet. A la sortie du lycée, Zach Randolph jouit d’une côte assez forte pour être sélectionné au McDonald’s All-American game. Tous les scouts de l’Oncle Sam sont présents lors de cette rencontre qui réunit les meilleurs joueurs universitaires des Etats-Unis. Randolph y brille et est désigné MVP du match. Un titre qui aurait du lui garantir une place prestigieuse lors de la draft. Il sera finalement choisi par les Portland Trail Blazers en 19ème position.

Pourtant, le talent du joueur est flagrant : beaucoup de mobilité pour un intérieur, doté d’un bon shoot à trois points, c’est une machine à double-double (le troisième de la ligue cette saison). Il parvient même à obtenir la reconnaissance de la Ligue avec le titre de Most Improved Player 2004 en doublant ses statistiques (20 points, 10 rebonds et 2 passes). Alors qu’il devait confirmer, il se blesse et manque la moitié de la saison suivante. La montée en puissance est laborieuse et les choix de carrière folkloriques.

Z-Bo l’éponge

C’est presque inévitablement que Zach arrive à Portland en 2001. Pour un mec qui a connu les maisons de détentions avant d’avoir pu raser son duvet (1), quel choix plus logique que les Jail Blazers ? Le Rose Garden abrite à l’époque le squad le plus gangsta de la Ligue. Que ce soit la grande gueule de Rasheed Wallace ou l’amour de Damon Stoudemire pour Marie-Jeanne, les joueurs de Portland sont plus facilement convoqués devant le juge qu’au All Star Game. D’ailleurs notre bon Zach s’intègre bien à l’effectif et s’accroche violemment avec Ruben Patterson, le délinquant sexuel de l’équipe.

Zach Randolph conserve toujours l’esprit des franchises où il est passé. Après le passé gangster, il apprécie les joies du cirque d’Isiah Thomas. Entouré de Marbury et Curry, il se fait plus remarquer par son absence de QI basket que par son apport défensif. On a même droit a des scènes surréalistes pendant les prolongations d’un match de saison régulière : pendant la causerie du coach, Randolph et Nate Robinson entament une bataille d’eau pour se motiver. Ambiance.

Gangster dans l’Oregon, clown à Big Apple, Z-Bo montre aux Clippers qu’il sait toujours y faire. Et ce, malgré l’odeur de défaite qui règne dans le vestiaire. Il fait ainsi parler de lui en allongeant Louis Amundson (2) (obscur joueur des Suns) mais aussi en se disant « plus fort que Chris Bosh » après une victoire au Madison Square Garden. En tout cas, il sait garder les bonnes choses pour la fin : winning-ball en main contre Cleveland, il balance un air-ball à un mètre de la ligne de trois-points (3). On comprend facilement les doutes des fans des Grizzlies lorsqu’ils le voient intégrer un roster déjà très offensif.

Sur la route de Memphis

Loin d’être la franchise NBA la plus charismatique, les Grizzlies sont en reconstruction depuis leur entrée en NBA en 1995. Depuis 2007, le chantier est dirigé par Chris Wallace soit le GM le plus moqué du pays pour avoir échangé Pau Gasol contre Kwame Brown. En signant Iverson et Randolph, il ne réussit même pas à acheter la paix sociale. Z-Bo arrive avec sa réputation de joueur individualiste tandis qu’AI n’oublie pas d’embarquer son ego dans l’affaire : « je n’ai pas de problème aux ischios. J’avais juste un problème au cul à force d’être assis sur le banc ».

Le début de saison n’est pas brillant, du moins jusqu’au départ d’Allen Iverson. Le contraste est saisissant : avec The Answer dans ses rangs, l’équipe tourne à 34% de victoire. Après le 25 novembre, le taux augmente progressivement pour arriver à 64% de victoire.

A l’image de son équipe, Z-Bo trouve ses marques et un équilibre entre devoir défensif, élan offensif et responsabilités collectives. Non, Randolph ne portera jamais une franchise sur ses épaules mais c’est l’impact player qui manquait à Memphis pour faire grandir Rudy Gay, OJ Mayo, Mike Conley et Hasheem Thabeet. Epaulé par Marc Gasol à l’intérieur, Randolph conquit une ville qui a longtemps critiqué Pau Gasol pour son jeu prétendument efféminé. Dans l’ombre des futurs étoiles, Zach Randoph soigne ses statistiques, gobe les rebonds et se rend utile (quatrième rebondeur de la Ligue). De temps en temps, il prend feu pour sortir des gros matchs comme contre Denver qu’il abat avec 32 points et 24 rebonds le 21 décembre 2009. C’est donc pour cette régularité retrouvée et les performances décisives qui l’accompagnent que les coachs l’ont choisi pour un atterrissage contrôlé sur le banc de l’équipe de l’Ouest.



(1) A 14 ans, il passe un mois en centre de détention juvénile pour vol à l’étalage. Trois ans plus tard, il retourne en cage pour vente d’armes volées.

(2) " Il s’est relevé et est venu se mettre face contre face, et m’a presque embrassé sur la bouche. Je l’ai juste écarté de mon visage. Si je l’avais vraiment frappé, il ne se serait certainement pas relevé ". http://www.youtube.com/watch?v=LTLvZndlssw

(3) http://www.youtube.com/watch?v=A13PKLR-HyY&feature=related


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