7.3.10

On était à la réunion d’Europe Ecologie


Samedi 6 mars, rendez-vous au Studio de l’Ermitage pour présenter "l’écologie dont vous êtes le héros".

Loin d’être vide, la salle compte plus ou moins cinquante personnes, la moyenne d’âge tourne autour de la cinquantaine et l’assemblée se divise entre militants, bo-bo et retraités citoyens. Tout de suite mis dans l’ambiance, chaque participant a droit à sa soupe bio de légumes de saison versée dans un petit bol à son nom. Je me place au premier rang et je tombe à côté du meneur de l’ombre : la grande gueule, le premier à saluer, le premier à applaudir, le premier à apostropher quiconque s’approche à moins de cinq mètres : « Salut camarade ! »

En attendant la projection prévue, un sosie de Kad Merad fait patienter l’audience en annonçant l’arrivée d’invités surprise. Quelques minutes d’attente et on voit Cécile Duflot et Julien Bayou débarquer devant des militants ravis. La porte-parole du mouvement n’est pas là pour convaincre mais pour motiver les troupes à l’approche du scrutin. On est loin de l’énergie et de la résonance médiatique mises en œuvre lors des européennes ; la campagne des verts semble engluée dans le manque de dynamisme de ces régionales. Duflot conclut donc son intervention sur un bon mot : « Et maintenant, place au film ! Je l’ai pas vu mais on m’a dit qu’il était génial ». Mon voisin lance les applaudissements et sort de la salle : « Je me les suis caillées sur le marché de Belleville, je ne vais pas me taper un truc de débutant. »

Ces Catastrophes qui changèrent le monde

Le film commence. Sur un ton alarmiste et dans le registre de Michael Moore, on a droit à une rétrospective sur la naissance de la conscience écologique. On part du smog londonien de 1952 pour finir sur fonte de la banquise en passant par Tchernobyl. Le côté catalogue de Ces Catastrophes qui changèrent le monde est un peu lourd mais le film brille par l’efficacité des interviews. Malheureusement, on n’échappe pas aux interventions des deux saints patrons de l’écologie française : Yann Arthus-Bertrand et Nicolas Hulot.

A l’issue du film, un petit débat est organisé avec Alice Le Roy (coauteure) et Denis Baupin (adjoint au Maire de Paris, c’est lui qui a accordé plus de place aux bus parisiens). Le débat tourne vite à l’onanisme revendicatif, histoire de chauffer les écharpes vertes. Les premières attaques touchent la dissonance cognitive du gouvernement et la récupération du PS et de l’UMP qui "veulent faire de l’écologie sans écologiste". On essaie ensuite de ramener les échanges vers du concret. Denis Baupin prend alors quelques exemples percutants : la voiture qui peut monter jusqu’à 180 km/h sur des routes limitées à130km/h, la diminution de la pollution à Paris grâce aux transports en commun et le dernier 4x4 Dacia sorti des usines Renault pour illustrer le "gaspillage de la stupidité".


Manque de chance, la réunion vire au cliché avec des militants qui veulent " manger moins de viande pour nourrir plus de monde " et " remettre en cause le concept de voiture individuelle ". Des idées constructives certes, mais qui souffrent du ton hippie qui les porte. Pour ne pas aller trop loin dans la niaiserie, on fait intervenir les grévistes de Multipro qui n’ont pas eu besoin d’un film ou d’un vélib’ pour saisir les enjeux du dérèglement climatique (1).

Le forum vert sans feu rouge

Avant le début du forum dirigé par les candidats d’Europe Ecologie (Robert Lion, Emmanuelle Cosse, Mireille Ferri), on nous diffuse un micro-trottoir assez comique. Réalisé dans le XXème arrondissement, le panel qui donne son avis sur l’écologie est formé par le cadre qui se donne bonne conscience, la jeune activiste de Greenpeace, la mégère pro-Allègre, le titi parisien blagueur (" L’écologie ? Si on fume pas, c’est déjà bien ") et le bo-bo désenchanté.

Le forum commence avec la prise de parole de Pascal Canfin. Ancien journaliste d’Alternatives économiques, le député européen rappelle le volet économique du programme basé sur une reconversion écologique de la région. Parallèlement à l’activité de l’Union, l’Ile-de-France doit se tourner vers la "démondialisation" et créer des emplois dans le secteur des services à la personne.

Malgré elle, la présence de Canfin - qui n’est pas candidat - symbolise aussi une des failles de la liste verte. En effet, un petit regard sur la liste parisienne permet de remarquer la présence de Sanseverino et la position d’Eva Joly, 44ème et dernière de la liste. Il ne s’agit pas de remettre en cause leur engagement mais de constater que leur présence a une vocation purement médiatique.

Malheureusement pour le jeune électeur que je suis, la réunion n’était pas faite pour gagner des votes mais pour tenter de booster une campagne qui manque cruellement d’intérêt malgré les compétences importantes de la région.


(1) Ils ont entre autres été contraints d’immigrer à cause d’un climat qui réduisait les possibles en terme de culture agricole.

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